La frontière est souvent confondue avec la seule frontière terrestre : la notion de frontière maritime n'est pas couramment admise. Mais plus encore que le souci d'une veille aux frontières, c'est une réflexion sur le signe et sur l'événement que provoque l'attention portée aux frontières maritimes. L'événement, même s'il surprend, ne trompe pas ; il ne prend pas la place d'un autre événement dont il serait le « double », pas plus que la frontière maritime – à la fois frontière-ligne et frontière-zone – n'est le « double » de la frontière terrestre. L'événement s'accomplit tel qu'il a été annoncé par les signes. C'est l'attente, c'est la préparation qui peut tromper ; ce sont les signes qui ont été mal émis, mal captés, mal interprétés. Et c'est précisément dans l'univers des signes – univers « ubiquitaire » à l'échelle des océans et de notre planète – que nous introduit la frontière maritime, dernière frontière de notre globe dont le tracé remet en cause les clivages internationaux habituels (Est-Ouest, Nord-Sud) et parfois même l'équilibre politique interne de certains États.