Hoover, le grand patron du fameux FBI
Auteur et coproducteur de films historiques destinés à la télévision, Jean-Michel Charlier a entrepris, avec l’aide de Pierre Demaret, d’évoquer la personnalité de John Edgar Hoover, le directeur de la très célèbre police des États-Unis : le FBI (Federal Bureau of Investigations).
Il était difficile, pour décrire ce personnage quasiment mythique – pendant un demi-siècle le « Directeur » a personnifié aux yeux de milliers d’Américains l’ordre, la justice et la loi – de séparer l’homme de son œuvre. Entré en 1917 au Bureau des Investigations qui avait été créé quelques années plus tôt par le président Theodore Roosevelt, J.E. Hoover demeurera en effet à son poste jusqu’à sa mort, en 1972. Il avait alors 77 ans.
Les auteurs se sont donc attachés à dessiner une vaste fresque des activités du fameux FBI auquel Hoover a consacré sa vie.
Pour découvrir celui qui en fut tout à la fois le cerveau, le cœur et le tyran, s’appuyant sur une vaste documentation écrite et sur les nombreux témoignages recueillis auprès d’une gamme très étendue de personnages où se mêlent collaborateurs directs, journalistes, politiciens, policiers et gangsters, Jean-Michel Charlier et Pierre Demaret offrent aux lecteurs une suite de tableaux fortement colorés, s’ordonnant selon une technique cinématographique très vivante en dépit de quelques répétitions inhérentes au procédé.
Le rappel imagé des principales affaires dans lesquelles s’illustrèrent les célèbres « G Men » – les hommes du service ainsi baptisés par les bandits qu’ils traquaient – fournit autant d’occasions de retracer le développement du redoutable outil de lutte contre la subversion, le crime et l’espionnage que J.E. Hoover n’a cessé de mettre au point tout au long de sa vie. Alliant une intelligence hors pair et quelque peu machiavélique avec un sens remarquable de l’organisation, insufflant ou plutôt imposant à ses subordonnés la rigueur et l’obstination qui caractérisaient son amour passionné pour la justice, Hoover eut sans doute pour principal mérite d’avoir su adapter en permanence le FBI aux différentes missions qui lui furent successivement confiées.
Qu’il s’agisse de neutraliser les membres de l’Internationale ouvrière ou les activités du Ku Klux Klan, de traquer les ravisseurs du petit Lindbergh, de détruire les organisations criminelles – les passages consacrés aux « épopées » de Dillinger, Bonny & Clyde, et autres tueurs de la Murder Incorporated sont dignes de la « Série noire » qu’elles ont largement inspirée – d’éliminer la corruption des services publics, de démasquer les espions allemands ou soviétiques, le FBI, dans une démarche méthodique faisant appel à toutes les ressources offertes par la science, la technique et à la patience proverbiale de ses agents, parvient le plus souvent sinon toujours à ses fins.
En dépit de l’aspect « image d’Épinal » que revêtent ses activités, aspect soigneusement entretenu par Hoover lui-même, soucieux de se ménager l’appui de l’opinion publique pour mieux résister aux attaques dont il fera de plus en plus souvent l’objet, le FBI est devenu un État dans l’État et son premier directeur a incontestablement disposé d’un pouvoir presque exorbitant. Les millions de dossiers et de fiches accumulés tout au long de sa carrière expliquent, au moins autant que son intégrité morale irréprochable, qu’il ait pu demeurer à son poste sous six présidents de stature fort différente. Il a sans doute détenu, précisent les auteurs, la clé des énigmes des plus irritantes de notre époque, celle de l’assassinat du président Kennedy notamment, sur lequel le livre apporte de troublantes précisions.
Quoi qu’il en soit, le fondateur du FBI, animé par « une certaines idée » des États-Unis, restera dans leur histoire comme un modèle parfois excessif des vertus traditionnelles sur lesquelles se fonde la démocratie américaine. ♦