Fayçal, roi d’Arabie
Le talent de conteur de Benoist-Méchin fait toujours merveille, même lorsqu’il s’agit, comme c’est ici le cas, d’un ouvrage de circonstance, hâtivement écrit, sans doute pour tirer parti sur le plan publicitaire des remous suscités par le récent assassinat de « l’homme le plus riche du monde », l’austère et mystique souverain de l’Arabie saoudite.
En fait, rien ne permet de situer cette biographie du roi Fayçal au même niveau de réussite que les magistrales études, devenues de véritables classiques, que l’auteur a consacrées jadis à Mustapha Kemal ou à Ibn Séoud.
Le relief exceptionnel de ces deux derniers personnages et le recul historique dont bénéficiait leur biographe en sont sans doute les causes principales. Mais cela tient aussi à ce que, cette fois, Benoist-Méchin semble s’intéresser beaucoup plus à la scène politique mondiale sur laquelle évolue son héros qu’à ce héros lui-même. Le livre pourrait, plus justement que « Fayçal, roi d’Arabie », s’intituler « La politique israélo-arabe et les États-Unis ».
Il est incontestable que, ce sujet-là, Benoist-Méchin le possède à fond, ne serait-ce qu’en raison de ses activités de journaliste et de ses recherches antérieures sur tout ce qui touche au monde arabe. Il n’est donc pas inintéressant, bien au contraire, de connaître son interprétation des plus récentes péripéties des événements du Proche-Orient, tout en tenant compte du fait que la lumière dont il les éclaire estompe de nombreux aspects du problème favorables à Israël, au profit des thèses arabes les plus dures. Cette remarque suffit pour mettre en garde le lecteur quant à la nature exacte – plutôt politique qu’historique – de ce livre, écrit avec l’aisance et le brio coutumiers de l’auteur. ♦