La VIe République
Les Français, même s’ils s’en défendent, ont du goût pour la politique. L’élection présidentielle de 1974 en a apporté une nouvelle preuve. Jamais la télévision n’avait bénéficié d’une telle audience. Jamais les journaux n’avaient atteint de si forts tirages. Jamais les sondages ne s’étaient succédés à une telle cadence et n’avaient été aussi passionnément discutés, en réunion publique, aussi bien qu’entre amis et même en famille.
Le spectacle une fois terminé et les lampions éteints, s’est ouverte tout naturellement l’ère des commentaires, des explications et des analyses critiques, car la curiosité des Français pour les pourquoi ? les comment ? et les quand ? de la campagne restait toujours vive.
Parmi les nombreux ouvrages qui ont essayé de répondre à ces questions, celui de Michèle Cotta est peut-être l’un des plus exhaustifs, car l’auteur s’est interdit toute digression qui aurait pu l’écarter de son seul propos qui, pour répondre à l’attente, était purement, exclusivement, politique.
Un journaliste, lorsqu’il traite d’un tel sujet pour le grand public, oublie délibérément sa formation scientifique, s’il en a une – c’est le cas de Michèle Cotta – pour ne plus s’attacher qu’aux petits côtés des choses. Ce sont alors les personnes, les intrigues et les manœuvres qui retiennent son attention plutôt que les théories et les grandes vues d’ensemble. Ses sources sont les confidences, les ragots et les on-dit recueillis dans les milieux réputés bien informés des couloirs et antichambres ministériels et parlementaires. Quand le journaliste a du talent – c’est également le cas de Michèle Cotta – il peut faire, à partir de ces éléments, un livre instructif, très amusant et très distrayant, qui donne au lecteur l’impression, toujours agréable, d’être dans le coup… ne serait-ce qu’après coup. L’essai de Michèle Cotta, si on l’aborde dans cette optique, est certainement une réussite. ♦