Vente d’armes : une politique
Les ventes d’armes sont un sujet d’actualité et un sujet politique dont les journaux et les revues traitent abondamment, mais souvent à tort et à travers. Il faut donc se féliciter qu’un jeune universitaire, Jean-François Dubois, ait pris l’initiative de nous le présenter dans son ensemble, avec le sérieux, la compétence et l’objectivité d’un spécialiste de droit public, doué de surcroit d’une remarquable ouverture d’esprit. Il fallait ces qualités pour rendre le sujet attrayant. Car en fait, dès que l’on veut, en la matière, aller au fond des choses, on s’embourbe littéralement, en France comme à l’étranger, dans un effroyable marécage de textes administratifs, de réglementations et de procédures où il est d’autant plus difficile de se retrouver que toute enquête menée de l’extérieur parait facilement suspecte et se voit opposer les consignes draconiennes du « secret-défense ».
Il est très difficile, dans ces conditions, de dégager dans ce domaine des idées générales cohérentes. C’est pourquoi l’ouvrage de Jean-François Dubois, du moins en ce qui concerne ses deux premières parties, s’assimile plutôt à un index de références qu’à une véritable étude. Il n’en est peut-être que plus utile à ceux, du moins, qui veulent se faire une opinion par eux-mêmes et qui se méfient des thèses a priori et de leur inévitable politisation.
Le lecteur se retrouvera dans le domaine de la réflexion avec la troisième partie du livre, intitulée « Objections et Consciences », dans laquelle l’auteur étudie, en sociologue et en juriste, les courants d’opinion suscités un peu partout dans le monde par l’énorme accroissement, au cours des dernières décennies, des fabrications d’armements, ainsi que par les procédures nouvelles adoptées, à l’échelon des États et non plus des seuls trafiquants, pour leur diffusion et leur commercialisation. Il y a là un problème à la fois moral et politique. La lecture de l’ouvrage de Jean-François Dubois pourra éviter de se méprendre sur son importance. ♦