Les contestataires aux États-Unis
Le premier mérite – et ce n’est pas le seul – du livre de Manuela Semidei est de montrer que la contestation aux États-Unis ne ressortit pas à l’anecdote, plaisante, naïve ou parfois sanglante, pâture pour magazines illustrés et postes périphériques, mais constitue un phénomène social, politique et culturel de toute première importance. Malgré un certain recul au cours des deux dernières années, les retombées de ce phénomène sont loin de s’être toutes manifestées et le mouvement de la « Nouvelle Gauche » en particulier, s’il n’était pas (ce qui est toujours possible aux États-Unis) récupéré par le « système », risquerait de modifier profondément la vie américaine et par contrecoup celle du reste du monde.
S’en doute-t-on vraiment en France ? Il est curieux de constater que malgré les innombrables « échanges » dans tous les domaines qu’on observe aujourd’hui entre les deux rives de l’Atlantique, nos compatriotes sont souvent surpris, presque comme au temps de Franklin ou de Tocqueville, de découvrir ce qui se passe vraiment en Amérique et de réaliser ce qui y est vraiment important.
L’ouvrage remarquablement clair, rigoureusement objectif et de bout en bout passionnant, de Manuela Semidei nous y aidera puissamment. L’auteur n’est pas un journaliste avide de sensations, ni un voyageur occasionnel, ni un politicien à la recherche d’arguments électoraux. Chargée de recherche au CNRS, Manuela Semidei séjourne souvent aux États-Unis et y a fait une partie de ses études. Son livre révèle un don d’observation, un esprit critique et une aptitude pour la synthèse peu habituels. Nous pensons, quant à nous, que c’est un livre important, qu’il faut avoir lu. ♦