Riot and Revolution in Singapore and Malaisia
La guérilla en Malaisie, dont l’origine remonte à l’occupation japonaise et qui s’est transformée à partir de 1948 en une véritable guerre révolutionnaire, est un des rares exemples dans le monde d’une subversion animée par un Parti communiste qui a finalement échoué devant l’action des forces régulières militaires et de police. La lutte fut longue et difficile, dans les villes, comme dans les plantations ou dans la jungle. Les forces anglaises s’y employèrent à fond, perdirent beaucoup d’hommes, et ne triomphèrent finalement que lorsqu’elles réussirent, mettant à profit les enseignements de Mao Tsé-toung, à « sortir le poisson de l’eau », c’est-à-dire à couper le contact entre les révolutionnaires et la population.
La major-général Richard Clutterbuck, devenu aujourd’hui docteur ès-sciences politiques et professeur à l’Université d’Exeter, retrace dans un livre extrêmement bien documenté les différentes étapes de cette pacification réussie. Il le fait d’abord en technicien, ayant personnellement pris part à la lutte, et, de ce point de vue, son analyse des caractères spécifiques de l’action en milieu urbain opposée à celle en milieu rural, nous a paru particulièrement pertinente. Mais en même temps, il a su prendre le recul suffisant pour apprécier les événements dans leur ensemble et dans leurs contextes historique et politique ; ce qui lui permet d’élargir son sujet et de tirer un certain nombre de conclusions très intéressantes sur les conceptions rivales en matière d’organisation révolutionnaire.
D’excellents croquis, une bibliographie exhaustive et un index complètent cet excellent ouvrage qui peut être considéré comme une contribution importante à l’étude des mouvements de subversion dans les pays du Tiers-Monde. ♦