La carte politique de l'Orient s'est très sensiblement modifiée depuis un an. On a assisté à la naissance d'une alliance entre régimes modérés (Égypte, Arabie saoudite et Soudan), décidés à s'opposer aux tentatives révolutionnaires dans la péninsule arabe et en Éthiopie ; on a vu la réconciliation égypto-syrienne, le rapprochement du régime hachémite et du Conseil national palestinien, et enfin la défaite des extrémistes palestiniens au Liban. Un nouveau camp arabe conservateur, beaucoup plus structuré et plus ample que par le passé s'est ainsi formé avec la bénédiction sinon l'appui de Washington. Est-ce à dire pour autant que le « Front du Refus » est en déroute et que les obstacles sur le chemin de la paix qui passe nécessairement par Genève sont éliminés ? L'auteur analyse cette situation de façon très complète avec les nuances qui s'imposent, en faisant ressortir les motivations propres à chacune des parties engagées dans cette affaire complexe, et en montrant leurs points de convergence et leurs désaccords.
Quelques aspects de la stratégie arabe de paix en Orient
Durant les premiers mois de 1977, et en raison surtout de déclarations encourageantes des dirigeants américains, les perspectives d’un règlement politique du conflit arabo-israélien ont été appréciées avec un regain d’optimisme. Cette impression favorable, toutefois, ne s’est pas entièrement maintenue. La conférence de Genève, qui de toute façon ne pouvait s’ouvrir qu’après clarification de l’attitude israélienne à la suite des élections législatives, dépend aussi de dispositions arabes que l’on avait peut-être eu tendance à considérer de façon trop sommaire : après son entrevue du 26 avril avec le roi Hussein de Jordanie, le président Carter opine qu’il faut éviter le risque d’un échec à Genève et donc prendre, pour préparer convenablement cette rencontre, les délais nécessaires.
Il semble donc que Washington mesure mieux l’importance de certaines difficultés, et entre autres de celles que suscite le cas des Palestiniens. Conditions et modalités de leur accession à la Conférence de la Paix posent d’épineux problèmes, que des habiletés diplomatiques ne pourront sans doute pas, comme on l’avait espéré, suffire à résoudre. Au-delà même de ces obstacles formels, la Palestine apparaît de plus en plus nettement comme étant l’élément central de la cause arabe ; à ce mobile essentiel, toutes les démarches ramènent. Et une illusion commence à se dissiper : les dramatiques événements du Liban, bien qu’ils aient provoqué un grave échec des extrémistes palestiniens, n’ont pas comme d’aucuns l’auraient voulu, « mis la résistance palestinienne au pas », ni « découragé l’intransigeance arabe ».
Il apparaît bien que la volonté de s’opposer à des exigences tenues pour inadmissibles n’est pas l’exclusif apanage de l’actuel « Front du Refus », formation palestinienne dure sous égide iraquienne. Elle a des précédents très anciens, et elle ne cesse de se manifester, selon l’occasion, dans l’ensemble de l’arabisme, sans que ces raidissements soient incompatibles avec un sincère désir de paix.
Il reste 94 % de l'article à lire
Plan de l'article