Chroniques de guerre (1939-1945)
Le général Revol est connu pour les travaux qu’au lendemain de la guerre 1914-18, il consacra au « Plan XVII », à « Foch », à « l’Effort militaire des Alliés », à « Ce que nous apprit la guerre », à « La victoire de Macédoine ». Il publie aujourd’hui une série de « Chroniques de guerre » où la vigueur de la pensée et de l’expression ne paraît point le moins du monde ralentie par l’âge, et où un grand public, aussi bien civil que militaire, trouvera traitées de fort intéressantes questions, telles que la « drôle de guerre » – la stratégie hitlérienne, – la « péripétie », – Hitler et Napoléon, – Hitler et la tâche impossible, – le second front, – le dénouement.
Un seul portrait dans cette série d’études : celui de Gamelin pour lequel il s’efforce d’être juste sans cesser d’être sévère. « Son nom, dit-il, restera honni des générations de France à venir : qu’il ne sombre pas dans le déshonneur. » Au lendemain de la lecture du livre de ce dernier, celle d’un petit livre du général Revol en constitue une réfutation sans ménagement.
Dans le chapitre intitulé – la péripétie –, qui est fondé pour la documentation sur les remarquables études du capitaine suisse Eddy Bauer dans la Revue Militaire Suisse et dans la Tribune de Genève, le général Joseph-Fortuné Revol se livre à une analyse serrée et à une critique impitoyable de la stratégie de l’ancien généralissime. Il lui reproche, notamment, le manque d’information et de perspicacité au sujet de l’exécution du plan allemand ; il regrette amèrement qu’il n’ait point compris que l’attaque prévue dès la mi-novembre 1939 contre la Hollande n’allait être que secondaire, tandis que la principale, en dépit du « dogme » de l’inviolabilité de l’Ardenne, porterait sur le centre du dispositif français et s’étendrait jusqu’à la Hollande. Il reproche à la stratégie admise par le général Gamelin, sa téméraire imprudence dans la manœuvre prescrite au général Giraud, avec de trop faibles forces pour tendre, au-delà d’Anvers, la main aux défenseurs des Pays-Bas et interdire aux Allemands l’accès des bouches de l’Escaut. Enfin, et surtout, il accuse le général Gamelin d’avoir pratiqué, ou laissé pratiquer, une stratégie diamétralement opposée au sage enseignement qu’il avait toujours voulu répandre dans les années qui précédèrent la guerre, et d’avoir livré une bataille sur des positions organisées, tandis qu’une partie importante de ses meilleures forces était en plein mouvement. On voit par ce simple aperçu, l’intérêt que peut présenter, pour des professionnels comme pour le grand public, une pareille discussion.