Avec la prolifération des guerres civiles on assiste à un retournement en quelque sorte de la vision classique de Hobbes suivant laquelle « l’état de société » régit les rapports intraétatiques tandis que « l’état de nature » prévaut dans la jungle des rapports inter-étatiques. S’il en est ainsi n’est-ce pas, comme la note l'auteur, que la guerre civile, loin d’être un accident, est la matrice de la guerre tout court ? Tant que la guerre civile est loin de nous, nous nous donnons bonne conscience mais on imagine aisément les risques que ferait courir à la paix le développement de désordres en Europe de l’Ouest comme en Europe de l’Est, par exemple autour de la frontière qui traduit l’équilibre hérité de Yalta. La violence à l’état endémique, caractéristique de notre monde moderne, est le germe de ces guerres civiles qui nous menacent de chaos généralisé. Elle met en question le rôle même de l’État et sa raison d’être première : la sécurité des citoyens. L'auteur ne se contente pas de réfléchir ici à l’essence de la guerre civile, il en dresse une typologie tirée de son existence dans le monde actuel.
Cet article a pour origine un texte qui a servi de base aux travaux de la session organisée par l’Académie mondiale pour la Paix à Menton en janvier 1977 sur le thème « Guerre civile et paix internationale » et qui a été repris sous forme de conférence à l’Académie diplomatique internationale à Paris le 23 mars 1977.