Le marché monétaire de Paris
Voici la première étude d’ensemble sur le marché monétaire de Paris. Le hasard a fait qu’elle est parue alors que, répondant à un souci du gouvernement, la « commission Baumgartner » s’efforçait de libérer la Bourse de Paris de sa « morosité ». Il n’y a là rien de surprenant. Nul ne songe maintenant à minimiser le rôle de premier plan joué par le marché monétaire dans le développement économique : il est au XXe siècle ce que les marchés financiers ont été au XIXe. Or la France est, à cet égard, restée très en arrière, « la tradition “escompteuse” des banques françaises (et de la Banque d’Émission) a constitué un obstacle au développement d’un large marché de capitaux interbancaire ».
La dégradation du franc, puis la guerre, annihilèrent les tentatives amorcées après 1928. Après la guerre, sauf pendant une courte période des années 1960, à laquelle mai 1968 devait mettre fin, les circonstances furent rarement favorables à l’organisation d’un vaste marché. « C’est ce qui explique que celui-ci soit resté, en fait, marginal. Les transactions qui s’y traitent portent, non sur de véritables liquidités… mais sur des reliquats de trésorerie parfois importants, mais toujours issus d’une création monétaire plus ou moins inflationniste ». Aussi bien, ni par sa dimension, ni par son fonctionnement, le marché de Paris ne peut soutenir la comparaison avec les marchés monétaires étrangers, celui de Londres, celui de New York, ni même ceux qui se sont édifiés en Allemagne et en Suisse. Cela ne signifie pas que celui-ci n’ait pas fait de notables progrès, et probablement même était-il, jusqu’à la crise récente, « l’un des mieux équipés, après celui de Londres, pour répondre à tous les services que l’on peut en attendre ».
Aussi bien l’étude de M. Viaux est-elle utile – indépendamment de sa valeur propre. Successivement sont analysés, en termes arides, certes, mais accessibles, l’historique et le fonctionnement de ce marché monétaire, puis sa place dans le système d’interpénétration des marchés et les projets de réforme qui le concernent. Mais M. Viaux reste ferme sur une de ses positions de base : la politique économique est un tout dont la politique monétaire n’est qu’un des éléments et le marché monétaire un des instruments. Nul ne le contredira. ♦