Louis XIII
« Louis XIII fut le dernier des rois de France à être pleuré par ses sujets ». « Il incarna, affirme encore Philippe Erlanger, la souveraineté nationale autant que le droit divin ». Pourtant rien ne le prédisposait, hors son orgueil, à gouverner un État. Déchiré entre un père qu’il adore mais dont la conduite l’horrifie, et une mère qu’il veut aimer mais qui se refuse à sa tendresse, avili par ceux-là mêmes qui ont la charge de l’élever, enfant encore marié à une autre enfant qu’il se force à désirer, il entreprend dès l’adolescence le combat qu’il mènera jusqu’à son lit de mort contre lui-même pour donner à son peuple l’image de sa grandeur.
L’on a tout dit de Louis XIII entre les épigrammes les plus viles et les procès que lui ont intentés les écrivains les plus fameux, mais aucun n’avait jusqu’à ce jour essayé d’expliquer l’homme nu sous les oripeaux du souverain.
L’on a dit, entre autres, qu’il n’avait été entre les mains onctueuses de Richelieu qu’un hochet pour vieillard. L’on oublie qu’après l’avoir choisi, comme il choisira Mazarin, il fera de lui un complice pour le meilleur et un ami pour le pire. Et quoi, qu’en ait dit Aldous Huxley, quel complice l’eût mieux servi dans le rapt légal qu’ils commirent de la France ?
Que l’on ne s’y trompe pas ! Il ne s’agit point ici de réhabilitation. Le portrait psychologique qu’avec une extrême minutie Philippe Erlanger trace de Louis le Juste est sans concession. Il nous le fait apparaître tel qu’il fut : sombre, vindicatif, brutal, cruel quand la raison d’État l’exigeait, économe à l’excès, cupide parfois, jaloux de ses amitiés, de son pouvoir, de ses droits ; mais, tel qu’il fut, il se tint bien au-dessus du médiocre dont on verra qu’il n’était qu’apparence si l’on veut bien lire ce très beau livre et le méditer. ♦