Comprendre de Gaulle
Pour Comprendre de Gaulle, il n’était que de vivre dans l’intimité de sa réflexion à l’instant des choix essentiels. Léon Noël a eu ce rare privilège et nous le fait ici partager. Le sujet de cet excellent portrait de celui que la Princesse Bibesco nommait le « Saint de la Patrie » et que le Vatican qualifiait « d’homme exemplaire » est paré par l’auteur des vertus que l’histoire attribue à Saint-Louis : « le caractère, la volonté, la continuité dans les vues, la persévérance et le courage dans l’action, la connaissance des problèmes, le sens de l’État, la foi dans son destin, un dévouement absolu à son service, le désintéressement personnel, la dignité de la vie privée, l’austérité des mœurs, l’infaillibilité dans le jugement…
L’on eût souhaité que, sous une plume aussi magistrale que celle de Léon Noël, le personnage nous apparaisse plus humain… ce qu’il était et tel que nous l’avons aimé. L’ancien diplomate se défend dans sa préface de faire une apologie du Général, mais tout se passe comme s’il ouvrait un procès en béatification en omettant d’y présenter les arguments de l’avocat du diable.
On lira avec un intérêt particulier le remarquable parallèle établi en annexe (pourquoi en annexe ?) entre les deux écrivains, Charles de Gaulle et Chateaubriand, tous deux goûtant l’amère solitude à Colombey et à Combourg, tous deux usant de leurs dons prémonitoires pour rendre oracle, tous deux rédigeant leurs mémoires avec cette élévation de pensée et ces nobles cadences qui en font des monuments inégalés de notre littérature. ♦