Les cannonières de Yang-Tsé
Ce n’est, bien sûr, qu’une petite tranche d’histoire que nous conte là le capitaine de vaisseau d’Antin de Vaillac : quelques années, quelques hommes, quelques bâtiments. Mais une tranche singulièrement attachante par le cadre dans lequel elle se déroule, par les rappels historiques qu’elle suscite, par l’évocation des difficultés vaincues et des qualités humaines qui s’y sont manifestées.
Le cadre géographique, c’est le Yang-Tsé Kiang, le « Fleuve », avec ses paysages grandioses, ses rapides, la traîtrise de ses crues subites et de ses soudaines décrues où, pendant une quarantaine d’années, les canonnières firent flotter les pavillons des principales marines.
Le cadre historique, c’est l’arrivée et l’installation des étrangers en Chine, les péripéties de leur action et leur politique jusqu’à la rétrocession des concessions et la fin des derniers « stationnaires » ; c’est aussi la percée de Sun Yat Sen, l’entrée en scène de Yuan Che-Kaï, la fin du Céleste empire et l’apparition de Tchang Kaï-Chek.
Les difficultés sont celles qu’eurent à surmonter les premiers artisans de la remontée du fleuve dont ils firent l’exploration et la cartographie avec des moyens dérisoires qui exigèrent de leur part audace, courage et persévérance, pour lutter non seulement contre une nature difficile, mais aussi contre pirates et opposants de toutes sortes.
Page d’histoire qui, comme bien d’autres, a été tournée, et que l’auteur conte en un style alerte et clair, en un récit équilibré où les anecdotes ont conservé la fraîcheur de ton et d’expression de l’époque où, jeune midship, il les a vécues. ♦