Le dernier Habsbourg
Ce livre, nous annonce Gordon Brook-Slieplierd, est le récit d’une « tragédie royale ». Centré sur un destin individuel, il entremêle inextricablement l’anecdotique et l’essentiel. Le lecteur n’y cherchera pas une synthèse définitive sur les derniers moments de l’Autriche-Hongrie, dont, au passage, l’auteur brosse un tableau quelque peu idyllique, attribuant à « quelques enragés politiques » les revendications de liberté et d’autonomie présentées au nom des nationalités, et à la guerre seule le déclenchement du processus de désagrégation de ce vieil édifice vermoulu et contradictoire.
Gordon Brook-Slieplierd a cependant eu accès à une masse considérable d’archives et de documents et son ouvrage fourmille d’importants compléments d’information sur un certain nombre de problèmes – d’histoire diplomatique notamment. Ainsi y trouvons-nous une mise au point probablement définitive, sur les fameuses négociations secrètes entamées par Charles de Habsbourg avec les Alliés, par l’intermédiaire du prince Sixte de Bourbon-Parme : il ne fait désormais plus de doute que l’Empereur était prêt à d’importantes concessions, notamment vis-à-vis de l’Italie, et que les Alliés ont leur part de responsabilités dans l’échec de l’entreprise. De même, l’ouvrage comporte d’intéressants aperçus sur le personnel politique (très médiocre) de l’entourage impérial et sur les tentatives de restauration de la monarchie en Hongrie en 1921, dans lesquelles Aristide Briand joua un rôle qui est ici particulièrement souligné.
À condition de ne pas demander à ce récit plus qu’il ne peut donner, il apporte d’indéniables enrichissements à notre connaissance de cette période dramatique de l’histoire de l’Europe danubienne. ♦