Dans l’ombre de Gomulka
Erwin Weit a été de 1954 à 1969 l’interprète officiel du gouvernement polonais. Il ne nous appartient sans doute pas d’apprécier les raisons et les circonstances qui lui ont fait quitter son pays, ni celles qui l’ont amené à publier, à l’usage des lecteurs occidentaux, ce qu’il a vu et entendu dans l’exercice de ses fonctions. Nous ne pouvons cependant nous empêcher, en lisant son livre, de penser qu’il a, dans une certaine mesure, trahi, par cette publication, la confiance de ses employeurs. Il nous paraît douteux que la déontologie de l’interprétariat y trouve son compte.
Ceci dit, il n’est pas défendu de profiter de cette sorte d’aubaine. Pour ceux en particulier, qui suivent attentivement les événements d’Europe orientale, il ne sera pas indifférent de connaître les détails de tel ou tel incident, grâce auxquels s’éclairent d’un jour souvent inattendu les caractères et les mentalités d’hommes comme Wladyslaw Gomulka, Walter Ulbricht (président du Conseil d’État de la République démocratique d’Allemagne), Léonid Brejnev et bien d’autres, de moindre notoriété, néanmoins très influents dans leurs pays respectifs. Ils pourront également découvrir les réalités qui se cachent derrière bien des communiqués officiels lénifiants ou tapageurs. Ils seront intéressés par l’ambiance des réunions au sommet des dirigeants de l’Europe de l’Est et, plus concrètement, par la façon dont s’élabore la politique internationale de ces pays.
Cependant le livre d’Erwin Weit sacrifie par trop, pensons-nous, à l’anecdote, et celle-ci est trop souvent choisie en fonction des goûts et des opinions présumés d’un public supposé systématiquement anticommuniste. ♦