Société injuste et révolution
Le colloque de Venise, en 1968, avait pour objet de confronter les idées des intellectuels catholiques au sujet de la révolution sociale et des moyens qu’elle peut légitimement utiliser. Ce livre contient neuf textes de communications faites par des participants appartenant à plusieurs pays.
Il se dégage de cet ensemble, assez disparate quant à la présentation et à l’esprit qui a inspiré les auteurs, une première constatation : la société est injuste ; elle n’est nullement conforme à l’idéal proposé par l’Évangile ; elle place des classes sociales ou des pays entiers dans un état de subordination qu’un chrétien ne peut admettre. L’Église a trop longtemps soutenu les « régimes établis », c’est-à-dire favorisé de sa haute caution, une situation devenue intolérable. Il est normal et juste que les chrétiens soient révolutionnaires.
Mais les moyens dont se sert une révolution sont violents. Quelle peut être l’attitude d’un chrétien vis-à-vis de la violence ? Sur ce point, les réponses divergent et vont de la condamnation absolue du recours à toute forme de violence, quelle qu’elle soit, à son acceptation résignée et temporaire. Comme il existe une théorie de la guerre « juste », il pourrait exister aussi une théorie de la violence « juste », qui ne renierait cependant pas l’obligation de l’amour pour le prochain.
Certains textes sont parfaitement clairs ; d’autres sont malheureusement entachés d’un vocabulaire philosophique abstrait et souvent peu accessible. En pareille matière, il serait souhaitable que la subtilité de la pensée se traduise par un style sans ambiguïté. ♦