Munich
Il est inutile de souligner l’intérêt et l’importance historique des mémoires d’Édouard Benès sur les événements de 1938 qui menèrent à Munich. Nul « témoin de notre temps » n’était plus qualifié pour dire ce qu’il avait fait et ce qu’il avait vu pendant ces mois tragiques pour toute l’Europe et davantage encore pour la Tchécoslovaquie.
Ce gros ouvrage est cependant davantage un instrument de travail qu’un livre de lecture courante. Il s’appuie en effet sur un appareil documentaire important, que le lecteur pressé n’aura pas le temps de consulter et dont il ne pourra pas comparer les divers éléments. Il s’agit donc plutôt d’un matériau brut à livrer à l’historien. Cependant, cet épais volume est formé, pour près de la moitié de ses pages, d’une longue série de documents divers que le lecteur peut aisément lire en complément du texte.
Quel que puisse être le jugement de l’histoire – mais quand pourra-t-il être formulé d’une façon pleinement objective ? – le lecteur partagera certainement l’émotion de l’auteur lorsque celui-ci raconte les journées de tension extrême qui préfigurèrent si nettement celles de 1939 pendant lesquelles la guerre devait éclater. Il jugera ce qu’Édouard Benès dit des hommes qui tenaient alors le premier rang de la scène internationale – opinion souvent sévère en ce qui concerne les hommes politiques français. Ainsi, le document historique rejoint-il le document humain. ♦