Le grand sursis. 13 septembre 1938 – 3 septembre 1939
On a tant écrit sur la période qui s’étend des Accords de Munich (1938) à la déclaration de guerre de 1939 que l’historien est embarrassé pour trier de si nombreux documents de toute sorte ; encore que les archives soviétiques ne se soient pas ouvertes et que, par suite, tout un aspect du drame que vivait le monde ne puisse faire l’objet que d’informations fragmentaires ou de conjectures. Léonard Mosley, en écrivant ce long récit des mois qui pesèrent si lourd dans l’histoire, n’a pas oublié qu’il était journaliste ; aussi, à côté des considérations purement historiques, a-t-il fait une large place aux anecdotes significatives, et su mettre en scène les principaux acteurs avec le talent d’un homme habitué aux croquis d’actualité. La lecture de son ouvrage en est grandement facilitée et colorée.
Mais ce qui importe, c’est le fond même de la thèse, qui souligne l’écrasante responsabilité de Hitler et des collaborateurs dont il s’était entouré, fanatiques ou silencieusement opposants ; mais elle fait aussi une large part à la responsabilité des hommes politiques et des chefs militaires des pays démocratiques – notamment de la Grande-Bretagne, puisque l’auteur est anglais. Leurs indécisions, leurs atermoiements, leurs illusions, que Léonard Mosley souligne sans complaisance aucune, a permis le développement de l’entreprise nazie tout au long d’étapes dont la guerre devait être l’aboutissement.
Sans doute, pourra-t-on discuter certaines opinions émises par l’auteur : il n’est pas, en pareille matière, d’histoire véritablement objective. Le long récit de Léonard Mosley donne cependant une vue d’ensemble des faits qui, par sa minutieuse analyse, mérite l’attention. Parmi les ouvrages parus sur cette époque, celui-ci est probablement, en même temps que l’un des plus récents, l’un des plus accessibles au grand public, sans perdre sa valeur de témoignage, puisque l’auteur a eu la possibilité d’entrer en contact direct avec de nombreux acteurs encore vivants et de consulter des documents d’archives difficilement exploitables par le lecteur « moyen ». ♦