Le sacre de Napoléon
Dans cette collection, qui contient de nombreux ouvrages historiques dont le fond et la forme sont souvent graves et parfois même austères, celui-ci surprend par le ton qu’a adopté son auteur, cynique et empreint d’un humour qui tourne au noir. Les personnages du Consulat et du début de l’Empire y sont dépeints sans complaisance, sous des couleurs sombres, comme des hommes et des femmes qui cherchent avant tout, au milieu des intrigues les plus tortueuses et les plus basses, leurs intérêts et leurs plaisirs. Le Premier Consul est évidemment au premier rang ; on pourrait presque dire que le livre est davantage une méditation sur le destin de cet homme hors-série que l’étude des conditions dans lesquelles fut décidée la création de l’Empire et se déroula la cérémonie du sacre.
José Cabanis, tout en reconnaissant le génie de Napoléon, est sévère pour le personnage, auquel il reproche son ambition forcenée et les moyens employés pour la satisfaire ; il ne s’attendrit pas sur ses revers et sur la fin de sa vie dans la prison de Sainte-Hélène, les jugeant un juste retour des choses, une sorte d’application de la loi du talion. Le sacre est une palinodie qui contient en germe toutes les souffrances qui seront imposées à l’Europe au cours des années suivantes ; au célèbre tableau de David qui le représente, il faut opposer la série des « malheurs de la guerre » de Goya.
L’ouvrage est d’une lecture facile. Il s’ajoute à la liste de dizaines de milliers de volumes inspirés par l’Empereur sans avoir, semble-t-il, d’autre prétention que d’exprimer un jugement personnel qui n’a aucune ambition d’être définitif. ♦