La société bloquée
Les premiers chapitres présentent de fort intéressantes considérations sur la structure sociale des sociétés avancées. Ils laissent espérer que l’auteur, professeur de sociologie, qui a si bien défini, suivant des perspectives attachantes et nouvelles, la théorie de ses principes et de ses méthodes, va les appliquer de la même façon à notre société, que l’on dit « bloquée », et nous indiquer la façon de la faire repartir, en se basant sur des observations scientifiques et sur les hypothèses qu’elle permet d’émettre. Malheureusement, il n’en est rien. Peu à peu, on glisse de la sociologie dans une description semblable à tant d’autres, des vices de notre administration, des défauts de nos institutions, de l’inertie de nos esprits. Et c’est sur la politique presque polémique que le livre s’achève.
Cependant, malgré la désillusion qu’il nous a donnée, nous pensons que la lecture de cet ouvrage est instructive. Tout d’abord, l’auteur évite de tomber dans le piège de la négation ; au contraire, il laisse apparaître des lueurs d’espoir dans la possibilité d’un redressement, suivant des voies à vrai dire assez mal définies ; mais l’essentiel est de montrer que des voies de dégagement existent. Ensuite, au cours des pages, on rencontre des idées dont il serait grave de ne pas reconnaître le bien-fondé et la force, bien qu’elles ne forment pas un ensemble suffisant. Enfin, le lecteur peut se rendre compte de ce que la sociologie, science pourtant encore bien imparfaite, peut apporter de clartés à l’analyse d’une situation complexe. Ces mérites ne sont certainement pas les seuls qu’ambitionnait l’auteur ; ils sont cependant suffisants pour que son ouvrage sorte de l’ordinaire. ♦