Le malaise français
Si tout allait aussi mal en France que l’affirme l’auteur, on serait en droit de s’étonner que notre pays continue de vivre et d’exister en tant que Nation indépendante. Qui veut trop prouver ne prouve rien, ou démontre le contraire de ce qu’il voulait prouver. C’est un peu la mésaventure qui arrive à Régis Paranque, dont le livre est un réquisitoire – ou plutôt une longue lamentation. Les Français sont égoïstement repliés sur eux-mêmes, parfaitement satisfaits de leur médiocrité qu’ils confondent avec la sagesse ; nos jeunes, en niant tout, se donnent bonne conscience, mais, débouchant sur le néant, renforcent les structures qu’ils contestent. Notre économie socialisante n’a ni la vigueur du vrai socialisme, ni celle du vrai capitalisme. Notre stabilité politique et institutionnelle est fragile, à la merci de la moindre crise. Bref, ce « malaise » présente tous les symptômes d’une maladie incurable.
Il est regrettable que l’auteur, spécialiste connu de l’économie, ait présenté de cette façon les observations pertinentes qu’il estime devoir faire sur l’état présent de notre pays, dont le bilan comporte une colonne pour le passif, mais une autre pour l’actif. Il faut donc lire ce livre, nous semble-t-il, en affectant ses thèses d’un coefficient de redressement ; à cette condition, il prend de la signification et de la valeur, car il est bon de se connaître. « Qui souvent se pèse, bien se porte »… ; mais il ne faut pas mettre sur la balance des valises pleines de linge mouillé… ♦