Le plus long jour du Japon
Traduit de la version anglaise de l’original publié au Japon en 1965, cet ouvrage retrace, heure par heure, les événements qui se sont déroulés à Tokyo, du 14 au 15 août 1945, dans l’entourage de l’Empereur et dans les principales sphères gouvernementales. Un prologue explique comment et pourquoi, devant l’impossibilité du Cabinet de prendre une décision à propos de la déclaration de Potsdam dans laquelle les Alliés mettaient le Japon en demeure de capituler, il fallut recourir à l’arbitrage suprême du souverain. Les plus hautes autorités militaires ne pouvaient se résoudre à admettre la capitulation, contraire à l’honneur ; elles craignaient que sa divulgation ne fût une cause de graves désordres dans un pays où l’Armée était la principale puissance. Mais ces chefs étaient liés par leur serment d’obéissance à l’Empereur ; d’où d’affreux drames de conscience. Cependant, des officiers plus jeunes, exaspérés et désemparés par l’acceptation de la défaite, se refusaient à l’admettre et tentaient, dans une révolte spontanée, d’empêcher la diffusion de l’allocution que devait prononcer l’Empereur lui-même, le 15 août à midi.
C’est ce drame que ce livre décrit en chapitres courts, ménageant les effets, découpé comme un film à sensations, à l’envoûtement duquel il est difficile de se soustraire. Est-ce la vérité historique ? On est tenté de le croire, en raison du caractère de la société qui l’a publié ; mais il est probable que c’en est une version, que d’autres historiens préciseront ou nuanceront. En tout cas, le combat entre le Japon d’autrefois et les sentiments de sa caste militaire traditionnelle d’une part, et d’autre part le Japon nouveau, celui des hommes d’État réalistes et conscients de leurs responsabilités nationales et internationales y est fortement souligné ; les tenants du premier se suicident ou se révoltent alors que ceux du second se résignent et s’organisent. L’intensité dramatique de cette lutte entre le passé et l’avenir, dans un moment présent de crise aiguë, est parfaitement rendue. Quelles que soient ses réactions instinctives, le lecteur européen ne peut pas ne pas être sensible aux arguments des deux camps qui s’affrontent. ♦