Les chances de l’Inde
Il faut être reconnaissant à M. Gilbert Étienne de la vigueur avec laquelle il dénonce la carence de l’information sur l’Asie en général et l’Inde en particulier dans les pays francophones. Dans l’excellent ouvrage qui paraît aujourd’hui aux Éditions du Seuil, et qui complète son Agriculture indienne ou l’art du possible, paru en 1966, il fait justice aux innombrables clichés qui ont été ancrés dans l’esprit des lecteurs occidentaux par des ouvrages de fantaisie ou par une publicité agressive en faveur de l’aide au Tiers-Monde. Et il faut lire d’autant plus soigneusement ce livre dont le style est constamment alerte et vivant, mais dont tous les jugements sont nuancés, étayés par des analyses concrètes, des expériences personnelles poursuivies par l’auteur au cours des longs séjours qu’il a fait dans des villages de la vallée du Gange, de l’Andhra et du Maharashtra.
Plusieurs chapitres sont consacrés aux grands problèmes généraux : les mécanismes démographiques, la planification en régime démocratique, l’ampleur des phénomènes de famine, l’encadrement des paysans, etc. Et l’on doit bien convenir avec le Professeur Étienne que « l’Inde bouge », même si les conditions de son expansion restent encore à la merci de très sérieux dangers et de multiples impondérables d’ordre politique, social et économique.
En annexe, quatorze fiches donnent l’essentiel des statistiques qui doivent être connues, ainsi que des indications très brèves sur les structures politiques, les réformes agraires, les habitudes alimentaires, etc. On regrette cependant l’absence d’un index qui permettrait de comparer plus aisément les différentes expériences faites au niveau des villages. ♦