La jeunesse, nouveau Tiers-État
Ce livre, qui n’est guère plus long qu’un article, vaut certainement la peine d’être lu par les adultes et les responsables de toutes les catégories sociales. Certains de ses arguments pourront paraître discutables et le sont en effet. Mais la thèse dans son ensemble mérite audience et réflexion.
L’état social dans lequel nous vivons a été hérité du début du siècle dernier. Il correspondait alors à des données précises, qui ont largement évolué : ainsi en va-t-il du niveau d’instruction, de l’ouverture d’esprit que procure une information permanente, du genre de vie, des conditions du développement physiologique de l’être humain. La barrière de la majorité, placée trop haut, laisse en état d’incapacité toute une classe de la société, la jeunesse, qui est cependant plus capable de s’exprimer à bon escient que ne l’étaient bien des adultes d’autrefois. Les gens âgés n’ont aucune limite à leur activité professionnelle ou civique ; cependant, il est évident qu’ils n’ont plus les facultés d’adaptation voulues dans un monde en évolution rapide. Ils gardent des postes qu’ils encombrent, refusant ainsi aux jeunes la possibilité d’y accéder rapidement.
Les jeunes ne recherchent pas, comme la classe ouvrière entrée dans la vie et se trouvant aux prises avec les réalités matérielles de l’existence, une série d’avantages financiers. Ils veulent être considérés plus tôt en adultes responsables ainsi que le leur permettent leurs capacités. En ce qui concerne la défense de la collectivité, ils sont prêts à en assumer les charges, même ingrates ; mais ils ne consentent plus à le faire comme leurs pères, parce qu’ils sont capables, mieux qu’ils ne l’étaient, de comprendre et de juger les raisons des efforts ou des sacrifices qui leur sont demandés.
Mais les aspirations de ce Tiers-État qu’est devenue la jeunesse ne peuvent être satisfaites que par une modification des structures sociales : tout changement mineur à l’état actuel serait insuffisant.
Avant que ne monte la révolution des jeunes, il serait sage et juste de faire des réformes, « Ce livre, écrit l’auteur, n’est pas un appel à la révolution, mais un appel à la réforme ».
Il est fait dans un style entraînant, rapide, dans un véritable jaillissement d’arguments de valeur inégale, mais dont le dynamisme frappe indiscutablement le lecteur. ♦