Prélude à la victoire
Bien connu en France, notamment pour le rôle qu’il joua lorsqu’en juin 1940 le général de Gaulle gagna Londres, le Major General Sir Edward Spears a publié ce livre en 1939 ; la traduction en français a donc tardé, et pourtant ce livre est curieux à plus d’un titre : c’est un témoignage d’un combattant de la guerre 1914-1918 qui, de par ses fonctions, approche de très près les plus grands chefs militaires et les plus hauts dirigeants anglais et français ; c’est une histoire de la Grande Guerre et des principales décisions stratégiques qui furent prises sur le front occidental en 1917 ; mais c’est surtout, en ce qui nous concerne, le jugement d’un Anglais sur l’armée française, ses hommes et ses généraux. Jugement souvent favorable, parfois sévère, fréquemment teinté d’humour, mais généralement plein d’admiration objective. C’est encore un recueil de notations personnelles de petits faits symptomatiques relevés dans les incidents de la vie quotidienne, réflexions faites par de grands personnages, mais aussi gestes ou phrases d’humbles combattants et de civils ; en les racontant, l’auteur ne dissimule pas son émotion et sait la communiquer simplement au lecteur.
L’introduction de Winston S. Churchill est élogieuse, et c’est une référence de qualité ; elle souligne l’humour, le tragique et l’émotion de ces pages, tout en se plaignant de la sévérité de l’auteur pour les hommes politiques… et justifie ceux-ci de leur attitude au cours de l’année 1917, qui fait l’objet du livre. « C’est un des meilleurs ouvrages écrits sur la Grande Guerre dont bien des aspects concernent les événements actuels », disait Churchill en 1939. Il ne semble pas utile de commenter davantage cet ouvrage après avoir rapporté ce qu’en pensait le grand homme d’État britannique… ♦