La dissuasion n'est pas un objet acquis définitivement. Les grandes puissances, même si elles s'en défendent, n'en recherchent pas moins activement la percée technologique, le « breakthrough » qui assurera une supériorité incontestable à leurs armes. Dans cette bataille engagée dès maintenant en matière de « stratégie génétique », notre pays ne risque-t-il pas de voir son armement déclassé et la crédibilité de sa force nucléaire stratégique remise en cause ? Question d'autant plus opportune que certains des éléments les plus anciens de notre Force nucléaire stratégique (FNS) auront bientôt vingt ans d'âge. Pour éclairer les décisions relatives à l'évolution de nos armements à long terme, il convient de cerner du mieux possible les conditions qui risquent de prévaloir dans le monde de l'an 2000, et ceci pour trois domaines : la technique, le champ politico-stratégique et les concepts d'emploi des armements. Cet article s'inspire d'un exposé fait il y a quelques mois sur le même sujet à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).
L'avenir de la dissuasion
Il est toujours hasardeux de chercher à décrire l’avenir. Cela est vrai de la dissuasion nucléaire française comme de tout autre domaine ; qui donc, sauf peut-être « Madame Soleil », peut se hasarder à dire ce que seront nos forces nucléaires dans vingt ans ? D’ailleurs, pour un esprit rationnel, et surtout pour celui à qui il incombe de prendre des décisions, l’important n’est pas de connaître l’avenir en toute certitude, au risque d’être impuissant et passif devant les perspectives ainsi dévoilées, mais bien plutôt d’analyser et de peser les différents paramètres dont dépend cet avenir, de manière à pouvoir faire les choix les plus judicieux.
Aussi, quitte à décevoir, ne dévoilerai-je rien de l’avenir de la dissuasion. Je me contenterai de montrer comment se pose le problème de nos forces nucléaires futures et de mettre en lumière la problématique selon laquelle on peut apprécier les différentes solutions possibles.
Cela va me conduire à analyser longuement les évolutions de toutes sortes qui peuvent affecter nos forces nucléaires et à dégager les conséquences de chacune de ces évolutions. Ce n’est qu’en conclusion que je me risquerai à quelques pronostics en disant comment, si j’étais le décideur, l’analyse que j’aurai faite me conduirait à certaines orientations.
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