La crise morale et militaire de 1917
La crise du moral dans l’armée française en 1917 mit en péril l’existence même du pays. Bien des informations tendancieuses ou inexactes ont été publiées à son sujet ; c’est un point d’histoire qui prêtait à la fois à la diversité des opinions et à la controverse. Pour en fixer le point de départ, il était bon que le rapport du général Pétain, qui eut la lourde mission de surmonter la crise et y réussit comme on sait, fût publié et soumis au jugement impartial des lecteurs.
Le général Conquet, en rédigeant une note liminaire pour cette édition d’un texte qu’il n’est pas exagéré de considérer comme historique, insiste sur les conditions dans lesquelles s’est détérioré le moral de notre armée et sur les mesures prises pour le rétablir. Introduction fructueuse, qui permet de mieux comprendre le texte même du rapport. Car celui-ci, en effet, écrit au moment des événements, fait abstraction de beaucoup de circonstances connues de ceux auxquels il était destiné, circonstances aujourd’hui oubliées ou estompées.
Mais au-delà de l’histoire, cet ouvrage apporte un enseignement pratique. La guerre devient de plus en plus une lourde épreuve pour les nerfs des combattants. Ce qui s’est produit en 1917 peut se reproduire dans un conflit futur, sous d’autres formes sans doute, sous d’autres aspects, mais selon un processus général qui semble devoir peu changer. Ce qui a été fait pendant la guerre mondiale de 1914-1918 est donc un exemple de ce qui pourrait être fait dans l’avenir, pour guérir une crise déclarée, et mieux encore pour la prévenir.
À ce titre, ce livre, qui ouvre sur la psychologie collective des combattants de larges horizons, mérite d’être lu et médité. Un Conventionnel disait déjà en 1793 : « Quand la justice a parlé, l’humanité doit avoir son tour ». C’est la grande leçon qui se dégage de ces pages.