Que veulent les Travaillistes ?
Ces pages ont été réunies en volume avant les élections de 1964 qui devaient donner la majorité au Parti travailliste, et, après douze ans de gouvernement conservateur, doter l’Angleterre d’un gouvernement « démocratique et socialiste ». Elles comprennent donc une critique du parti alors au pouvoir, qui porte, comme le reconnaît lui-même l’auteur, davantage sur les mesures à prendre pour améliorer la situation intérieure et extérieure de l’Angleterre que sur les grandes lignes du programme et des objectifs. Cependant, l’idée de base reste fondamentalement opposée à celle des Conservateurs. Les Travaillistes veulent une profonde et progressive, mais rapide évolution, tout en condamnant les moyens révolutionnaires.
« L’Angleterre n’est pas devenue une nation de second rang », affirme Harold Wilson. Mais à la suite de la guerre, de l’insuffisante action du gouvernement travailliste et du manque de dynamisme de ses classes dirigeantes dans le domaine économique et social, elle s’est trouvée dangereusement en retard dans un monde en reconstruction. La transformation du plus grand Empire colonial de tous les temps en un Commonwealth n’a pas entraîné que des problèmes politiques ; elle a fait naître aussi de difficiles problèmes économiques : échanges, marchés, productions, monnaie. Il s’agit donc d’abord de donner à l’économie britannique une organisation et un essor adaptés aux conditions nouvelles.
Dans le domaine extérieur, la fidélité de l’Alliance Atlantique reste un postulat essentiel. L’accès au Marché commun ne peut être admis que sous des conditions formelles qui sauvegardent les intérêts vitaux de la Grande-Bretagne et des pays du Commonwealth. En matière de défense, le désarmement doit être obstinément poursuivi, et en attendant que ce but soit atteint, ce serait une folie que de vouloir disposer d’une force nucléaire proprement britannique, les ressources du pays ne permettant pas de la posséder sous une forme suffisamment large et diversifiée pour qu’elle soit efficace. Des zones « dénucléarisées » doivent être créées en Europe centrale, comme en Amérique latine et en Afrique. L’aide au Tiers-Monde doit être développée.
Tels sont les principaux points de ce que pourrait être un programme travailliste ; telles sont du moins les aspirations et les directions vers lesquelles s’oriente le nouveau gouvernement de l’Angleterre, résumées dans un livre court, clair, qui porte sur l’essentiel. ♦