Animismes
L’auteur se défend d’avoir voulu faire « une somme traitant le sujet de façon exhaustive, ni une étude de sociologie poussée en profondeur, ni surtout l’exposé d’une théorie socio-philosophique sur les religions païennes de l’Afrique de l’Ouest ». Il s’est donné pour but d’informer le non spécialiste sur les croyances et pratiques religieuses qui demeurent celles de plus de la moitié de la population de l’Afrique.
Ces croyances ont pendant longtemps semblé n’être que des cultes primitifs, aux rites puérils ou barbares. Elles apparaissent actuellement, après une meilleure connaissance et des études plus poussées, former un ensemble cohérent de pensées dont l’expression et la forme rituelle varient selon les terroirs. Nées de l’observation de la nature et de ses phénomènes, puis des réflexions et des explications qu’elle a fait naître chez des penseurs qui ne disposaient pas de l’écriture pour transcrire et perpétuer leurs idées, elles témoignent d’une manière de voir et de comprendre le monde qu’une longue suite de générations a progressivement affinée, alors que se fixaient les gestes et les coutumes et que se créaient les institutions. L’auteur expose ce que sont la cosmogonie et l’éthique, ainsi que la philosophie de ces religions, puis leurs diverses techniques et les pratiques qu’elles ont provoquées.
Les animismes reculent devant le christianisme et surtout l’islamisme. Mais la vie moderne les condamne encore plus sûrement à disparaître, car ils ne peuvent subsister en dehors des sociétés qui leur ont servi de support. Ils sont destinés à s’éteindre, et non à s’adapter, et leurs survivances seront vraisemblablement de la même nature que les quelques traditions qui, après vingt siècles de christianisme, peuvent encore être observées en Europe.
En dehors même de ce qu’il apporte sur le sujet qu’il traite particulièrement, ce livre fournit matière à de nombreuses réflexions sur l’état actuel de l’Afrique et sur sa très prochaine évolution. ♦