Cayenne, déportés et bagnards
Au moment où la Guyane revient à l’actualité et voit s’ouvrir devant elle de nouvelles perspectives, en raison de l’installation d’un centre d’études spatiales, il est indiqué de se reporter à son histoire. Non pour en tirer des leçons, mais pour mieux comprendre à quel point il est urgent d’en effacer toutes les traces. Certes, la déportation et le bagne ne forment pas toute l’histoire de la Guyane ; malheureusement, elles en sont une large partie.
Michel Devèze, dans les limites de ce petit volume, ne pouvait retracer tous les détails de ces lourdes années. N’ayant très vraisemblablement pas constaté par lui-même ce qu’était « l’ambiance du bagne », peut-être n’a-t-il pas choisi les textes qui en étaient, pour les dernières années au moins, les plus évocateurs. Il n’en reste pas moins que son travail fournit au lecteur une première information, qu’il ne trouverait nulle part ailleurs, largement suffisante pour le renseigner sur l’essentiel.
Toute mesure répressive comporte des dangers auxquels elle échappe difficilement. La déportation et le bagne confirmèrent cette règle, et se signalèrent bien davantage par des abus dans le mauvais sens que par des réussites, même partielles et limitées. Les conditions dans lesquelles s’effectuèrent la « déportation », la « transportation », la « relégation » – termes entre lesquels la plupart des Français seraient sans doute bien empêchés de définir les différences – furent dans leur ensemble horribles et inhumaines ; elles portaient atteinte, dans toute l’Amérique, au renom de notre pays.
Souhaitons que plus tard, un autre auteur puisse réunir d’autres textes qui permettront de glorifier une réussite française en Guyane, et que, comme le dit l’auteur à la dernière ligne de son livre, Cayenne redevienne « la capitale de la France équinoxale ». ♦