Dien Bien Phu
L’auteur, acteur et témoin de la bataille de Dien Bien Phu du premier au dernier jour, n’a pas cherché à faire autre chose que de raconter ses souvenirs de combattant. Son récit est direct et donne des combats une description qui ne dissimule pas plus les actes blâmables que les actions d’éclat. Le récit commence par l’attaque vietminh du 18 mars 1954 et se poursuit jusqu’au 7 mai, date à laquelle la garnison est submergée par les flots des ennemis. Un dernier chapitre est consacré aux causes de notre défaite, que l’auteur estime devoir être recherchées dans l’efficacité des feux de l’artillerie adverse, dans l’insuffisance de nos organisations défensives, dans le mauvais emploi des réserves et dans les conditions défavorables de l’appui aérien.
La responsabilité de la défaite n’incombe ni au commandement, ni aux combattants ; c’est le pays tout entier qui, en ne soutenant pas le Corps expéditionnaire comme il aurait dû le faire, doit en endosser le poids.
Ce livre conduit à des réflexions sur la forme des combats et l’aboutissement tactique, aux échelons les plus modestes, des conceptions stratégiques du gouvernement et du commandement. Toute séparation entre stratégie et tactique est artificielle et n’a d’intérêt que pour clarifier les idées et permettre des exposés précis. Mais une stratégie qui ne tient pas compte des conditions dans lesquelles se déroulera le combat, est à l’avance condamnée à l’échec. Avec des hommes hâtivement levés et instruits, que n’anime aucune flamme patriotique (comme c’était le cas pour la majorité des contingents coloniaux), qu’il n’est pas possible de faire reposer, on ne peut mener un combat tactique satisfaisant, et toute stratégie s’effondre. Les troupes les plus aguerries et les plus manœuvrières, comme l’étaient les bataillons de parachutistes et de légion, ne peuvent rien si le ravitaillement en munitions arrive mal, si les pertes ne peuvent être comblées. Tout héroïsme s’écroule devant le nombre, et les unités formées par des soldats de carrière devant des unités nationales luttant pour la libération de leur territoire.
Ces leçons ne sont pas nouvelles. L’exemple de Dien Bien Phu, en les condensant en quelques mois de combat, dans une cuvette aux dimensions restreintes, mais aux résonances immenses, les fait apparaître d’une façon particulièrement sensible. Il a fallu les payer assez cher pour qu’elles ne soient pas oubliées. ♦