La conscience politique dans la France contemporaine
L’auteur distingue deux aspects dans la prise de conscience, par les individus, des conditions globales de la vie politique intérieure et extérieure du pays. Il les définit par les termes : conscience partisane et conscience nationale. Pour déterminer la mesure dans laquelle ces deux formes de conscience politiques jouent dans chacun des Français, il s’appuie sur de très nombreuses statistiques résultant d’enquêtes et de sondages d’opinion. Il est ainsi amené à constater le rapport entre la conscience partisane et la conscience nationale, la force de l’une par rapport à l’autre.
Selon ses conclusions, la conscience partisane est stable chez ceux qui professent des idées extrémistes ; elle recouvre la conscience nationale et, en quelque sorte, l’englobe. C’est le phénomène inverse qui se produit dans les partis dont l’idéologie et la structure sont moins marquées ; là, « l’intérêt national tend à être reconnu comme transcendant à la diversité des intérêts partisans ».
Mais apparaît de nos jours un phénomène nouveau, celui de la conscience gaulliste, qui est « une conscience partisane et anti-partisane », ou plus précisément « un recours au héros historique en vue de la résolution de problèmes d’intérêt national que les partis et le système parlementaire sont censés ne pas pouvoir résoudre ». Cette tendance semble à l’auteur être dans la ligne d’une tradition « historique et observable depuis la Révolution française ».
Une constatation frappante, qui demande explication, est le maintien d’un électorat communiste nombreux, malgré les grands progrès sociaux dont a bénéficié la classe ouvrière dans les récentes années. Pierre Fougeyrollas admet que la conscience partisane des communistes est suffisamment forte pour survivre à des conditions disparues. Cette constatation est contraire aux enseignements marxistes selon lesquels la conscience politique ne serait qu’un reflet des conditions sociales. De même, les hésitations du Parti socialiste à fixer son attitude proviendraient, selon l’auteur, de la contradiction entre des revendications théoriquement satisfaites et sa fidélité à son idéologie originelle.
La perception de ces désaccords entre une idéologie originelle et les besoins réels du moment favorise les progrès de l’apolitisme et de la dépolitisation, qui conduisent à la remise du pouvoir entre les mains du « héros historique ».
Telles sont les principales idées que développe Pierre Fougeyrollas, avec des chiffres à l’appui de sa thèse. On ne saurait nier que celle-ci soit intéressante ; mais on regrettera une fâcheuse propension à user d’un vocabulaire scientifique et lourd pour exprimer des idées que rendent tout aussi bien et beaucoup mieux les mots usuels. ♦