John Fitzgerald Kennedy, Président
Aussi avait-il largement les matériaux pour écrire un livre sur le Président. Il a choisi de le faire sous la forme d’un reportage, conscient de pouvoir restituer une ambiance que n’aurait pu évoquer, avec une telle intensité, une grave étude sur les actes et le comportement de l’homme sur les épaules duquel reposait la paix du monde.
C’est donc un récit très vivant et très coloré de la vie à la Maison-Blanche que le lecteur trouvera en ouvrant ce livre ; il y a peu de chances qu’il l’ait refermé et moins encore abandonné avant de l’avoir terminé. L’impression de la « chose vue et vécue » est en effet si forte, l’intérêt de ce qui est dit des réactions du Président et de son entourage familial et gouvernemental est si attachant, que le lecteur croit vivre à son tour les heures banales ou exaltantes d’une vie et d’une fonction hors série.
La personnalité de John Fitzgerald Kennedy s’est affirmée cependant qu’il prenait une conscience de plus en plus grande de ses responsabilités, de son rôle, de ses possibilités. Arrivé à la Maison-Blanche, encore presque timide et emprunté, cherchant à comprendre, dans ses contacts avec les dirigeants des différents pays, ce qu’il fallait savoir et appliquer pour diriger le sien, il mûrit rapidement. L’échec de la tentative de la baie des Cochons, à Cuba, lui fait comprendre à quel point ses services l’ont engagé à la légère dans une mauvaise affaire ; aussi décide-t-il de leur faire moins confiance, de voir davantage les choses par lui-même, en s’entourant d’une équipe choisie de collaborateurs. C’est avec elle qu’il affrontera la crise de 1962, lorsque les Russes installent à Cuba des rampes de lancement d’où des fusées nucléaires peuvent en quelques instants anéantir les centres des États-Unis ; l’alerte est chaude ; la guerre n’est plus une simple hypothèse ; on sent qu’elle peut éclater d’un instant à l’autre. Le Président Kennedy est décidé à supprimer la menace qui pèse sur son pays. Il agit vite, mais avec une profonde réflexion. L’événement lui donne raison, et Khrouchtchev bat en retraite. Kennedy a sauvé son pays en même temps que la paix du monde, en se montrant aussi dur envers ses adversaires qu’envers les ultras de son propre pays. Il a atteint la pleine possession des moyens qui font un grand homme d’État.
Hugh Sidey, sans faire un panégyrique systématique de son héros, a su communiquer au lecteur son admiration pour l’homme, en le décrivant dans ses activités quotidiennes. C’est un tableau simple, mais brillamment réussi. ♦