Le nationalisme. Mythe et réalité
Démystifier le nationalisme, en dénoncer les fondements erronés, prouver ou tout au moins avancer qu’il n’aura qu’un temps, tel est le but de cet ouvrage assez touffu et trop long. L’auteur, ancien professeur d’une université américaine, actuellement secrétaire de l’American Historical Association, ne cache pas son impatience de voir combien les esprits des temps modernes et contemporains se sont engoués des théories nationalistes, sous quelque forme qu’elles aient apparu, et ses conclusions sont sans appel : « Si les hommes ne sont pas des frères, écrit-il, ce n’est pas par des différences inhérentes. C’est le sentiment d’unité partielle et d’exclusivité que nous avons définie sous le vocable de nationalisme qui les maintient les uns à part des autres. Ce nationalisme cependant ne signifie pas que les hommes ne pourraient pas vivre comme des frères, en paix. Il n’y a en effet aucun fondement historique, biologique, psychologique qui puisse faire croire que le nationalisme doive être permanent. Sous la surface de leurs particularités nationales, les hommes sont, pour autant que nous le sachions, beaucoup plus semblables que différents ».
C’est sur ces phrases que se termine l’ouvrage. Nous avons tenu à les citer parce qu’elles donnent à la fois l’idée du ton dans lequel l’auteur a écrit son livre et des contradictions qui s’y trouvent, ainsi que des conclusions formelles exprimées dans des termes définitifs.
Toute théorie trop nettement affirmée risque, en ces matières, de ne pas être exacte. Il est normal que les excès auxquels se sont laissés aller les théoriciens du nationalisme et plus encore tous ceux qui en ont tiré et appliqué des conclusions pratiques, appellent maintenant des excès en sens contraire.
On lira cet ouvrage avec intérêt, car on découvrira des analyses assez fines de la notion de nationalisme et l’on sera conduit à constater qu’elle repose sur des convictions que nous portons en nous-mêmes sans nous rendre compte qu’elles sont souvent absolument gratuites. Aussi, le lecteur, après une cure de désintoxication, pourra-t-il reprendre les arguments de l’auteur, leur apporter en connaissance de cause un coefficient de réduction approprié, et trouvera-t-il en définitive matière à se faire, pour lui-même, une idée de ce qu’est et de ce que pourrait devenir un nationalisme bien compris. ♦