La Marne / Le Père Joffre
Nous analysons ensemble ces deux ouvrages, parus à quelques semaines d’intervalle, non parce qu’ils se ressemblent, mais parce qu’ils se complètent.
Le premier est un récit anecdotique de la bataille de la Marne ; le second une biographie de Joffre, dont la majeure partie est consacrée à son attitude, ses activités, ses réflexions, ses décisions pendant la même bataille. Alors que Georges Blond représente les soldats, dans leur lassitude, leur hébétement, leur courage et leur héroïsme, accordant de longs passages à des événements localisés, comme la mort de Péguy et la fameuse épopée des taxis parisiens, et ne consacrant que des développements plus courts à la conduite de la bataille aux hauts échelons du commandement, Jean d’Esme, comme le voulait son sujet, insiste davantage sur les événements qui se déroulaient dans les états-majors et au sein des gouvernements.
Les questions si souvent débattues réapparaissent dans les deux livres : le mauvais vouloir du Maréchal French et l’incompréhension qui risqua de provoquer un désastre entre chefs anglais et français ; le cas du général de Lanrezac ; et surtout la détermination de la part que prirent respectivement dans la conception et le déclenchement de la bataille, du côté français, Joffre et Galliéni.
Jean d’Esme, qui écrit un livre à la gloire de Joffre, a évidemment tendance à lui donner raison et à magnifier son action. Georges Blond est plus nuancé dans son appréciation sur Joffre, tout en reconnaissant l’évidence de son calme et de l’influence décisive qu’il eut sur le cours des événements.
Les deux livres sont destinés au grand public. On ne trouvera donc d’histoire militaire, au sens classique du terme, dans aucun de ces ouvrages. Ils donnent l’un et l’autre une intense impression de vie ; leur lecture est aisée. Certains s’amuseront peut-être des quelques divergences qu’ils pourront relever dans le récit des mêmes faits. Mais, dans l’ensemble, ils concordent, et, bien que de points de vue différents, exaltent les chefs et les soldats français du début de la Première Guerre mondiale, et leur rendent un juste hommage. ♦