Conversations avec Staline
L’auteur est connu du grand public. Ancien communiste, compagnon de Tito dans la résistance yougoslave, envoyé à plusieurs reprises à Moscou pendant et après la guerre, il abandonne peu à peu ses anciennes convictions et publie des livres dont le retentissement lui vaut d’être largement connu en Occident et à maintes reprises mis en prison – où il se trouve toujours – dans son pays.
Ayant eu l’occasion d’approcher Staline, il résume dans ce livre à la fois les conversations politiques et diplomatiques qu’il eut avec lui, comme envoyé du gouvernement yougoslave, et ses impressions sur l’homme et le système qu’il avait instauré.
« Staline fut un monstre », écrit Milovan Djilas. Mais ce jugement se nuance de diverses façons. « Ce que (Staline) souhaita accomplir et même ce qu’il parvint à réaliser, ne pouvait l’être par des méthodes différentes. » « Il n’a pas bâti la société idéale – cela n’est pas possible étant donné la véritable nature des hommes et des sociétés humaines – mais il a fait de la Russie arriérée une puissance industrielle et un empire qui aspirent à jamais, résolument et implacablement, à la maîtrise de l’univers ». Et encore : « Considéré du point de vue du succès et de l’habileté politique, Staline n’a guère été dépassé par aucun autre homme d’État de son temps ».
Pour arriver à de telles conclusions, l’auteur conduit le lecteur, tout au long de son récit, en lui faisant prendre presque visuellement, pourrait-on dire, tant la force de l’évocation est grande, contact avec le Kremlin et les dirigeants communistes.
Un tel témoignage est suffisamment rare pour mériter largement d’être lu. ♦