Histoire d’une vie. T. V : Douleur et gloire de Verdun
Nous avons rendu compte dans ces colonnes, il y a quelques mois, de la publication du quatrième tome des mémoires de Henry Bordeaux, qui relatait les premières années de la Grande Guerre. Continuant de livrer ses souvenirs, l’auteur aborde maintenant une période particulièrement importante et émouvante : celle de Verdun.
Henry Bordeaux a déjà fait paraître sur Verdun des livres qui ont eu un grand succès : Les Derniers Jours du Fort de Vaux, La Bataille devant Souville, Les Captifs délivrés. Ce qu’il nous livre aujourd’hui, ce sont les notes journalières qui ont servi à faire ces livres, on pourrait dire « les Cahiers » de la « Chanson de Vaux-Douaumont ».
Il s’y exprime librement, portant sur les grands personnages qu’il eut l’occasion de voir de près, car tout ce qui comptait en France à l’époque vint au moins une fois à Verdun, des jugements souvent durs, dans lesquels les grands hommes apparaissent dépourvus de leur auréole : Joffre, peint sans complaisance (encore qu’en fin de volume une mise au point, plus objective que des notes quotidiennes reflétant les humeurs du moment le réhabilite aux yeux des lecteurs), Pétain, pour lequel l’auteur ne dissimule pas son admiration, Nivelle, Mangin, Maud’huy, Castelnau, Poincaré… Près de ces grands portraits d’innombrables esquisses de combattants de tous grades. Bref, la France entière, avec ses défauts, ses ridicules, mais ses grandeurs, et tout entière dressée pour gagner la bataille.
Aussi lira-t-on avec intérêt cette fresque vivante aux multiples personnages, dans laquelle l’accumulation de mille détails contribue finalement à une harmonie dans l’acte de foi que ces souvenirs d’une période – qui fut une des plus hautes de notre histoire – apportent dans la valeur et la solidité de notre pays. ♦