Demain, l’Europe sans frontières ?
Il convient de signaler aux lecteurs qui veulent se documenter sur les aspects économiques des perspectives que le Marché commun ouvre à l’Europe, ce livre fait de la réunion de sept études dont le lien est renforcé par les commentaires d’un avant-propos et d’une conclusion fort clairs.
« Que se passerait-il si l’Europe s’unissait ? », telle est la question posée, et à laquelle chacun des auteurs, dans sa partie, s’efforce de répondre. Ces réponses sont dans l’ensemble très favorables à la thèse européenne, bien qu’elles ne cachent pas les inconvénients qui pourraient résulter d’une unification de l’Europe, et qui sont de loin dépassés par les avantages.
L’argumentation s’appuie sur des données de technique économique, qu’il s’agisse de marchés, d’échanges, de productions, de main-d’œuvre, ou des rapports entre l’Europe unifiée et son prolongement naturel, l’Afrique. Mais, se basant sur les idées avancées et démontrées par les auteurs, Raymond Racine, dans sa conclusion, écarte les objections qui sont le plus couramment faites, sinon à la conception de l’Europe unie, du moins à ses possibilités pratiques de réalisation.
L’unification européenne respecterait les diversités nationales actuelles au lieu de les faire disparaître. Comme le Zollverein a fait la fortune de l’Allemagne, elle ferait celle de toutes les nations européennes, petites ou grandes ; dans une distribution nouvelle de l’économie, elle réduirait le chômage. Prenant pour condition, et non pour conséquence, l’alignement des charges sociales dans les différents pays, elle ne nuirait pas à la France, puisque tous les États participants s’aligneraient sur celle-ci en matière de législation sociale. La main-d’œuvre, mieux rétribuée, notamment dans les pays actuellement les moins favorisés, resterait plus stable qu’on ne le croit. Si l’Europe ne s’unissait pas et n’admettait pas les organisations qui lui permettraient de profiter, comme les États-Unis et l’URSS, des progrès de la technique moderne, elle ne saurait se défendre éventuellement contre eux et devrait se résoudre à périr ; moins riche de matières premières que les deux Très Grands, elle doit en rechercher en Afrique. Les anciennes puissances coloniales ne doivent pas craindre de devoir partager avec les autres nations européennes les productions africaines qui, dès qu’elles auront été prospectées et intensifiées, dépasseront leurs capacités d’absorption. Placée dans de nouvelles conditions économiques, l’Europe retrouvera la foi en ses destinées.
Telles sont les conclusions auxquelles aboutissent les thèses développées dans ce livre, qu’il ne pouvait être question de résumer, en raison de leur caractère technique. ♦