Les aléas du climat ont eu des impacts directs sur la conduite des opérations et ce, depuis des siècles. La science météorologique est d’ailleurs issue de la nécessité de mieux prévenir le mauvais temps pour éviter ses conséquences négatives sur les armées.
Le climat et la guerre : une brève mise en perspective historique
The climate and the war: a brief historic perspective
The climate changes have had direct impacts on the behaviors of operations since several centuries. The meteorological science addresses the necessity to better warn the bad weathers and therefore to avoid negative consequences on the armies.
Depuis 1812, c’est devenu un cliché universel de l’histoire militaire d’évoquer le « général Hiver » et la retraite de la Grande Armée en Russie. L’influence du climat et des conditions météorologiques sur la guerre est donc supposée être bien connue, évidente même, et qu’il serait donc vain d’exposer à nouveau. Pourtant, un bref rappel de quelques faits historiques devrait montrer combien ce facteur est déterminant dans la stratégie comme dans la conduite des opérations, au même titre que la géographie ou les conditions politiques, sociales, économiques et culturelles. Ce facteur se distingue pourtant de tous les autres pour une raison : on le considère comme la variable naturelle la plus violente dans toute l’histoire de l’humanité… Avec les maladies et le terrain, le climat est bel et bien l’un des grands facteurs de « friction » et de destruction des armées en dehors du combat proprement dit – et souvent bien plus. Pourtant, pendant des siècles, les influences de la météorologie sur la guerre et les opérations, si elles étaient importantes, restaient relativement simples.
On ne faisait pas la guerre l’hiver, non seulement parce qu’il y fait trop froid, mais aussi parce qu’on ne trouve pas suffisamment de nourriture pour les hommes et de fourrage pour les chevaux. Les guerres révolutionnaires américaine puis française de la fin du XVIIIe siècle allaient balayer cette tradition immémoriale.
En dehors de cet invariant, seules deux conditions météo étaient importantes : la sécheresse et la pluie. Pendant les Croisades, à la bataille de Tibériade, en juillet 1187, l’armée croisée se laissa piéger sur une plaine écrasée par le soleil alors qu’elle mourrait déjà de soif et de chaleur sous ses cottes de mailles et fut quasiment anéantie par une pluie… de flèches sarrasines lancées par les hommes de Saladin. Pendant la guerre de Cent Ans, les archers anglais veillaient bien à ce que la corde de leur arc ne prenne pas l’humidité. Et, à la bataille d’Azincourt (1415), la charge de la cavalerie française ne put avoir lieu car le champ labouré avait été détrempé par la pluie. C’est ce même facteur qui gênera considérablement la cavalerie française à Waterloo, quatre siècles plus tard. Lors de cette même journée funeste pour nos armes, le sol détrempé empêchera également les boulets de l’artillerie de bien rebondir sur le sol et diminua leur efficacité contre les formations d’infanterie.
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