Paris, des origines à nos jours et son rôle dans l’histoire de la civilisation
L’année du bimillénaire de Paris a, sans doute, vu éclore plus d’une histoire de Paris qui n’est qu’une compilation hâtive. L’ouvrage de M. Barroux n’appartient pas à ce genre de productions. C’est l’œuvre d’un historien authentique qui joint à l’érudition le sens et le goût des vues synthétiques. Il n’a pas voulu seulement retracer l’évolution de Paris en tant que « ville », comme bien d’autres l’avaient fait avant lui, mais aussi en tant que « capitale ». Il ne croit pas qu’une prédestination géographique, trop souvent affirmée à la légère, l’imposât de toute éternité comme capitale de la France. Ce titre de capitale, Paris ne l’a acquis qu’au prix d’une lente évolution qui commence avec Clovis pour s’achever sous la monarchie capétienne. Louis XIV en transférant le siège de la monarchie à Versailles et en éloignant le gouvernement de Paris, commet un acte qui sera gros de conséquences au siècle suivant.
M. Barroux a insisté particulièrement sur un aspect de l’histoire de Paris auquel les historiens n’ont pas toujours prêté une attention suffisante, sur son rôle de centre spirituel et intellectuel de la France. Ce rôle remonte au jour où, sous Louis le Débonnaire, des ambassadeurs de Byzance apportèrent à l’abbaye de Saint-Denis l’œuvre théologique et mystique de Saint Denys l’Aéropagite, que l’abbé Hilduin entreprit de traduire en latin. De l’abbaye de Saint-Denis il passe sur la rive gauche de la Seine avec la fondation de l’Université et se poursuit sans interruption jusqu’à nos jours par les salons, les Académies, les milieux littéraires et artistiques.
M. Robert Barroux n’a pas négligé l’histoire militaire de Paris. Il a écrit d’excellentes pages sur l’héroïsme des Parisiens aux heures graves de l’histoire. Peut-être, dans un autre ouvrage, approfondira-t-il le rôle stratégique. Paris, clé du royaume dans la défense contre les Normands, comme nous avons essayé de le montrer dans cette Revue, Paris a posé, du fait de sa situation trop proche des frontières au nord et nord-est, des problèmes redoutables, lorsqu’à la guerre « classique » des XVIIe et XVIIIe siècles a succédé une forme de conflit qui visait à atteindre la nation dans ses forces vives. ♦