Le maniement des hommes
Le colonel Munson s’est consacré depuis 1918 à l’étude des problèmes psychologiques dans l’armée. Il y a disposé d’un « laboratoire psychologique » d’une étendue inconnue jusqu’alors : la section d’action morale de l’armée américaine. Il a pu s’y livrer à de nombreuses expériences et y élaborer une méthode. « L’objet de cet ouvrage, dit-il, est de démontrer que l’art de manier les hommes ne peut s’exercer avec efficacité que s’il s’appuie sur une application rationnelle des lois psychologiques qui gouvernent notre moral et notre conduite. » Il présente donc une analyse détaillée du problème. Il étudie d’abord le but recherché et les méthodes générales : rôle du moral dans l’éducation de l’armée, la psychologie au service du commandement, comment on façonne l’âme individuelle et l’âme collective. Il traite ensuite de l’objet : la conduite humaine expliquée par les instincts fondamentaux et les éléments de l’âme humaine.
Puis il aborde l’examen des moyens d’action et des influences extérieures, valeur personnelle de l’officier, du moral des officiers de troupe, des aumôniers, des sous-officiers et rapports de l’armée et de la nation. Il en déduit des méthodes d’action, cherchant toujours à dégager des recettes pratiques, ne se contentant pas de rester sur le plan des principes. Analyses et méthodes peuvent paraître parfois un peu artificielles et élémentaires. Tel qu’il est, cet ouvrage peut être cependant considéré, par l’abondance des éléments étudiés, comme un excellent guide, presque un aide-mémoire pour tout officier. Mais ce livre est intéressant d’un autre point de vue. Il révèle, en effet, le climat dans lequel travaille l’armée américaine. L’auteur est souvent sévère pour ses compatriotes. Il n’en est pas moins vrai que la collaboration entre l’armée et la nation semble une chose acquise indiscutable. « La dernière guerre a porté l’armée à un rang qu’elle ne devrait plus abandonner. » L’application des méthodes préconisées dans des pays où cette collaboration est moins certaine demanderait donc une adaptation. ♦