Le Grand Carnot
L’œuvre du lieutenant-colonel Carré, déjà considérable, vient de s’enrichir de la biographie du grand Carnot. C’est un très beau sujet qui n’avait pas été, jusqu’ici, traité dans son ensemble. On ne possédait guère, sur l’illustre conventionnel, que les précieux mémoires sur Carnot écrits par son fils Hippolyte, véritable chef-d’œuvre d’érudition. Les auteurs qui avaient abordé ce grand thème n’avaient surtout étudié que les périodes les plus glorieuses de sa carrière, retraçant l’œuvre du créateur des armées républicaines et celle de l’organisateur de la victoire.
Le lieutenant-colonel Carré ne laisse dans l’ombre aucun des aspects de cette vie si riche. Carnot n’a pas été seulement un militaire et un technicien de haute valeur ; ce fut aussi un véritable homme d’État. Sa conscience fut à la hauteur de sa science. Il mourut pauvre, proscrit, et n’échappa que par deux fois et de justesse à la déportation. S’il sortit de sa retraite studieuse en 1814, c’est que la patrie était de nouveau en danger. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il accepta de reprendre du service auprès de Napoléon pour servir la France. Sa carrière militaire s’enrichit alors de la belle page de la défense d’Anvers contre les Anglais. On voit l’intérêt exceptionnel de ce livre écrit avec une émouvante simplicité.