Le général Frère : un chef, un héros, un martyr
Le livre que le général Weygand a consacré au général Frère avec le sous-titre Un chef, un héros, un martyr, est, dans sa mâle concision, un modèle du genre. Il mériterait d’être mis entre les mains de tous les jeunes gens qui se destinent à la carrière militaire.
Le général y est suivi pas à pas au cours de sa magnifique carrière. Nous le voyons, parti de sa petite patrie du Pas-de-Calais, entrer à Saint-Cyr, se former au cours de dix ans d’Afrique et, notamment, dans de brillantes opérations marocaines, puis au cours de la guerre 1914-1918, où il paie si vaillamment de sa personne, à la tête de son VIe Bataillon de chasseurs. Entre les deux guerres, il se consacre en grande partie à l’instruction. Il enseigne à l’École des Chars de combat de 1925 à 1930 et il marque d’une empreinte puissante, de 1931 à 1935, sa direction de l’École de Saint-Cyr. Gouverneur militaire de Strasbourg après avoir commandé la 11e Division, il est appelé à la tête d’une armée au moment de l’offensive allemande et réussit à replier, presque intacte, la VIIe Armée où il succède au général Giraud. C’est alors après l’armistice que se déroule l’époque la plus héroïque de sa carrière. Il ne renonce pas ; il se voue à l’organisation de la résistance de l’armée dont il est l’inspirateur et le chef. Rien ne peut le dissimuler à la vengeance allemande. Il pourrait s’échapper aisément ; il ne le veut pas et c’est volontairement qu’il se laisse arrêter avec sa femme avant d’être déporté et martyrisé.
On ne peut que souscrire aux vœux du général Weygand qui souhaite que la mémoire du seul commandant d’armée, mort pendant la dernière guerre du fait de l’ennemi, soit perpétuée par une plaque de marbre apposée sur un mur de la Chapelle des Invalides, où seraient rappelés les traits essentiels de cette vie exemplaire.