Le Maroc : Maroc français, Maroc espagnol, Tanger
Après l’Ouest Africain Français de G. Spitz, la France équatoriale de E. Trezenem et B. Lembezat, l’Algérie de J. Blottière, la Société d’éditions géographiques, maritimes et coloniales fait paraître le quatrième volume de sa collection « Terres lointaines », Le Maroc, dont la rédaction a été confiée à Roger Coindreau et Charles Penz, deux Marocains éprouvés comptant chacun plus de vingt années de séjour dans le Protectorat. C’est dire que les auteurs savent de quoi ils parlent. Leur connaissance vécue du pays éclate tout au long des 336 pages de leur ouvrage, véritable encyclopédie de tout ce qui touche à l’Empire chérifien.
La première partie est consacrée à la géographie, à l’histoire et à l’organisation politique et administrative. Elle est traitée avec aisance en dehors de toute érudition pesante. Des anecdotes savoureuses et des souvenirs piquants émaillent le texte et en rendent la lecture attrayante. L’œuvre sociale et l’œuvre culturelle sont étudiées avec soin ; dans un court chapitre, les auteurs analysent « sous l’angle marocain » quelques-uns des principaux ouvrages choisis parmi l’abondante littérature inspirée par le Maroc.
La deuxième partie traite de l’équipement et de la mise en valeur de la zone française. C’est un tableau complet et minutieusement documenté – à jour des résultats de 1948 – de l’œuvre de la France au Maroc, tout imprégnée encore du sceau du maréchal Lyautey. Les divers éléments de l’activité économique : agriculture, élevage, forêts, pêches, mines, industrie, commerce, finances sont passés en revue et examinés dans leurs réalisations et leurs perspectives d’avenir.
Les charmes du Maroc, terre de grand tourisme sont mis en lumière dans les termes les mieux choisis pour entraîner les voyageurs. D’excellentes planches photographiques, extraites des archives de l’Office marocain du Tourisme, ajoutent à l’agrément des descriptions.
Le Maroc espagnol et la ville internationale de Tanger, généralement si négligés des nombreux auteurs qui parlent du Maroc, font l’objet de deux chapitres pleins d’aperçus originaux et de renseignements de première main qu’on chercherait vainement ailleurs.
Dans leur conclusion, les auteurs font le point de la situation présente du protectorat et évoquent les problèmes de l’heure avec l’autorité que leur confère leur longue expérience. Cette conclusion est empreinte d’un optimisme raisonné ; elle rend un juste hommage à la politique compréhensive et généreuse de la France, inaugurée au Maroc il y a trente-six ans et qui nous a valu les innombrables témoignages de loyalisme du peuple marocain, en dépit de quelques manifestations d’impatience dont la portée ne doit être ni négligée ni surestimée.