Demain, l’océan Indien
M. Alfred Silbert, qui avait appartenu au Cabinet du Gouverneur général de l’Indochine Pasquier, a été chargé de mission en Extrême-Orient après la capitulation du Japon.
De ce fait, il a parcouru à nouveau des territoires qu’il avait vus dans une période de prospérité et a pu noter le mal que les Japonais ont fait dans les Indes néerlandaises et en Indochine en dressant les autochtones contre les Européens présentés comme « colonialistes » sans, du reste, qu’une définition nette de ce terme péjoratif ait été jamais donnée. Les nouveaux gouvernements qui se sont déclarés ou imposés, parfois – au début – avec l’aide ou grâce à l’indifférente neutralité des États-Unis, n’ont réussi, en général, qu’à instaurer des régimes incohérents souvent anarchiques, parfois communistes qui ont marqué, par leurs excès, une nette régression économique et politique. Par contre, le développement de l’Australie, uniquement peuplée de race blanche, porte la marque de la logique et de l’effort soutenus.
Au point de vue politique, M. Alfred Silbert note l’influence prépondérante des États-Unis dans le Pacifique. La séparation de fait du Pacifique et de l’océan Indien correspond à la limite de prépondérance des influences américaines et anglaises.
L’évacuation de la Birmanie, des Indes et du Pakistan par les Britanniques n’a pas pour cela annihilé leur importance dans le Sud Asiatique. M. Alfred Silbert voit dans l’océan Indien un véritable lac anglais qui permettrait aux forces britanniques de faire, éventuellement, sentir leur poids dans l’Asie du Sud et, par là, d’atteindre le glacis soviétique.
M. Alfred Silbert a donc écrit un livre fort intéressant : il a le pittoresque d’un reportage de qualité et contient maintes observations sur les principaux problèmes politiques de cette vaste zone, désormais au centre des problèmes essentiels de l’univers.