Le but poursuivi par la Revue est d'alimenter la réflexion de ses lecteurs, au besoin par des vues peu orthodoxes présentées en « Libre opinion ». Le court article que l'on va lire est une réponse à une de ces libres opinions (Claude Lachaux : « La défense, c'est plus que la défense », décembre 1980), mais il va plus loin en rappelant les fondements mêmes de la notion française de défense, rendue souvent confuse par l'emploi qui est fait du terme, en particulier dans les pays où cette notion n'est pas globale.
La défense nationale et les périls de notre temps
Dans une « libre opinion » publiée dans une livraison récente de la revue Défense Nationale, M. Lachaux rejette la notion française de défense nationale, n’hésitant pas à taxer d’erronées les conceptions qui ont présidé à l’élaboration de l’ordonnance de 1959 et d’échec les conditions de son application. À en croire son distingué auteur, l’idée française d’une défense couvrant toutes les formes d’agression conduit à une impasse : « si la défense est partout, elle risque d’être nulle part ». Pour un homme qui fut mêlé à ces affaires, c’est là une lecture des textes qui peut paraître simpliste.
Bien évidemment, à trop vouloir remplir la catégorie « défense nationale », on en viendrait soit à priver cette dernière de toute signification, soit à enserrer l’ensemble des activités du pays dans un réseau de contraintes totalitaires. Mais ce serait oublier que la défense nationale a sa spécificité qui est d’être entièrement tournée vers le danger extérieur. Aussi ne concerne-t-elle que les actions propres à y parer.
À dire vrai, rien dans l’ordonnance, dans la réglementation subséquente, ni dans la pratique observée depuis vingt ans ne vient corroborer cette vision confusionniste et auto-destructrice de l’organisation de notre défense nationale. En revanche, les années difficiles que nous vivons, les crises se succédant aux crises, ne font que confirmer chaque jour la validité de l’intuition fondamentale qui a inspiré cette organisation. À l’origine de cette intuition : la constatation que deux faits de portée universelle, le fait idéologique et le fait nucléaire, ont bouleversé radicalement le tableau des menaces pesant sur la survie de la nation, corps et âme, territoire et population, en tant qu’entité libre et maîtresse de son destin. Le législateur en était amené à conclure que les risques d’agression auxquels nous devons désormais faire face débordent largement le risque militaire.
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