Les entreprises de défense ont besoin de recourir à l’innovation technologique. Cela nécessite un appui scientifique important exigeant investissements et compétences. L’analyse des dépôts de brevets renforce cette approche, même si aujourd’hui les technologies sont de plus en plus duales.
L’intensité scientifique des innovations technologiques des entreprises de défense
The Scientific Intensity of Technological Innovation in Defence Companies
Defence companies need to call upon technological innovation. That requires significant scientific support which itself demands investment and competences. Analysis of patent applications supports this approach even if technologies today are more and more dual-use.
Ces trente dernières années témoignent d’une hausse substantielle des interactions entre les communautés académiques et industrielles. Alors que dans le secteur civil, l’émergence de ces connexions est datée des années 1980-1990, dans la défense, leur naissance est observée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (Serfati, 2005). Ce constat traduit l’une des spécificités de l’innovation de défense. Les demandes de l’État-client associées à un environnement institutionnel particulier ont pu influencer le processus d’innovation des firmes de défense, et plus particulièrement leur capacité de mobiliser des connaissances scientifiques.
Cet article propose d’étudier les disparités d’intensité scientifique des innovations technologiques entre les entreprises civiles et de défense, c’est-à-dire la quantité de connaissances scientifiques incorporées dans les innovations technologiques. En effet, l’intensification de la contribution des connaissances à l’activité économique nous amène à nous demander si l’innovation dans les systèmes d’armes exige une intensité scientifique particulière ou bien si la complexification de l’ensemble des productions technologiques amène à une convergence de l’intensité scientifique des innovations des entreprises civiles et de défense.
La science et l’innovation technologique de défense
La question de la contribution de la science à l’innovation de défense fait largement débat dans la littérature. En effet, alors que Bellais (2005, p. 5) sollicite un « nécessaire rapprochement entre science et défense », Serfati (2005) répond qu’il « propose en fait de la préserver en renouvelant la configuration singulière des relations entre science et défense qui a connu son épanouissement dans les décennies d’après-guerre ». C’est pourquoi, nous nous demandons si les firmes de défense, du fait de leurs particularités, continuent de réaliser des innovations intensives en connaissances scientifiques.
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