Il y a deux cents ans, une troupe britannique mettait bas les armes après avoir défilé sur un air appelé « The world upside down ». Ce monde à l’envers était l’indépendance des États-Unis, obtenue par une opération interarmées et interalliée, menée après la réussite d’une concentration de moyens terrestres et maritimes extraordinairement dispersés. Certes, le mérite en revient à Washington et à La Fayette du côté américain, aux comtes de Grasse et de Rochambeau du côté français. Il y avait pourtant un autre responsable, Vergennes, dont la diplomatie a permis de gagner une guerre maritime, parce qu’il n’y a pas eu de front terrestre en Europe.
Un anniversaire : Yorktown (19 octobre 1781)
1.
L’immense baie de la Chesapeake s’ouvre sur la côte Est des États-Unis par 37° de latitude nord, entre les deux caps Henry et Charles, appelés souvent les « Virginia Capes ». Cette baie s’étend vers le nord sur 300 kilomètres. Elle reçoit, par de larges estuaires, les rivières de la Virginie, du Maryland, de la Delaware et de la Pennsylvanie. L’arrière-pays est surtout fait de forêts ou de marais où se livrèrent beaucoup des batailles les plus célèbres de la guerre de Sécession, Fredericksburg, Chancellorsville, etc.
Cette région du monde rentre dans l’histoire en mars 1524, quand la nef La Dauphine, montée par Jean de Verrazane, Florentin au service de la France, longe la côte de la Caroline du Nord, passe devant les caps virginiens, débarque entre Chesapeake et Delaware, puis va découvrir la baie de New York. Verrazane croit voir la « mer océane » par-dessus l’isthme du Cap Hatteras. Sir Walter Raleigh n’y trouve que l’immense lagune du Pamlico Sound. Une première colonie, installée dans l’île de Roanoke, disparaît sans laisser de traces en 1591. Le premier établissement durable est fondé en 1607 à Jamestown, dans la Chesapeake. Alors commence la vie véritable de la Virginie, « the old Dominion », qui devait fournir à la jeune République américaine Washington et de nombreux hommes d’État.
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