Les enjeux industriels contribuent directement à la défense et nécessitent plus que jamais une volonté politique forte conduite par l’État. Cela signifie une vision s’inscrivant dans la durée pour préparer l’avenir. Cela signifie aussi un État stratège et une vraie ambition européenne.
Les enjeux industriels de la défense française : le prisme du nucléaire
The Industrial Stakes of French Defence: The Nuclear Angle
Industry contributes directly to defence, and more than ever requires strong political will driven by the state. That means a long-term vision to prepare for the future. That also means a strategist state and a genuine European ambition.
La thématique qui m’a été proposée dans le cadre de la chaire Grands enjeux stratégiques contemporains, « La France, acteur stratégique ? », porte sur les enjeux industriels de la défense française. On peut être tenté d’aborder cette question en élaborant des scénarios de mécano industriel français ou européen. Toutefois, cet exercice est, d’expérience, démenti peu de temps après l’avoir imaginé. J’ai donc considéré la question avec le regard de l’acteur de longue date dans les programmes de la dissuasion que j’ai été, et qui pense que répondre à celle-ci en utilisant le prisme du nucléaire permet de mettre en évidence des thématiques principales.
En premier lieu, je réaffirme sans ambiguïté que la réponse à la question « La France, acteur stratégique ? » est oui : la France est un acteur stratégique, car elle est une puissance nucléaire et ce, en pleine souveraineté.
En second lieu, bien sûr, on peut également avancer que la première des souverainetés est d’ordre financier, les travaux du Livre blanc de 2014 l’avaient clairement énoncé, et l’application du principe du retour du déficit en dessous de 3 % avait d’ailleurs conduit à une loi de programmation très – trop – fortement contraignante. La Chaire Louis Gautier donne donc l’occasion de réaffirmer ce que nous savons faire avec talent : concevoir, développer, produire des sous-marins propulsés par des chaufferies nucléaires, avec une acoustique sous-marine du meilleur rang mondial, des missiles balistiques de 10 000 km de portée et des têtes nucléaires, sans d’ailleurs procéder à des essais nucléaires. Nous savons faire également des missiles supersoniques pour la composante aéroportée, dont le Rafale en est le vecteur. Fort peu de nations au monde maîtrisent ces technologies.
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